“Certains ne deviennent jamais fous… Leurs vies doivent être bien ennuyeuses. Ceci est mon histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça.”
En attendant Bojangles, Bourdeaut
J’ai toujours eu du mal avec la temporalité. Je n’ai jamais su m’y prendre. Quand certains regardent trop vers l’avenir, en se projetant toujours plus loin moi je reste bloquée dans le passé. Comme si les mises à jour automatiques ne se faisaient pas correctement. La relou de la bande qui commence toujours ses phrases par « dis tu te souviens » eh bien c’est moi. Comme un musicien qui jouerait sans cesse à côté des temps, pressé par le métronome, mais toujours trop lent, toujours à la traîne.
C’est très pénible. Pour les autres. Pour moi. Parce qu’à vivre en pensant à ce qui n’est plus et qui ne sera jamais plus, on finit par faire des distorsions. Notre cerveau sélectionne, imagine, idéalise, recoupe, modifie, et modèle ces instants du passé qu’on croit nous appartenir mais qui déjà nous échappent. La fameuse caricature du « c’était mieux avant ». Sauf que non ce n’était pas mieux avant.
Parce que tu te souviens des fous rires de l’internat mais que tu as bien vite oublié les pleurs au téléphone à 1h du matin en disant que tu n’y arriverais pas, les fins de mois dans le rouge et la peur de l’échec incessante.
Parce que tu te souviens des câlins, des mots doux et des bisous d’esquimaux mais que tu oublies ce sentiment d’oppression, ces idéaux que tu ne partageais plus, cette osmose qui peu à peu s’était étiolée.
Parce que tout passe toujours trop vite, et que tu es toujours sur le point de suffoquer, de manquer d’air. Tu aimerais souvent faire pause. Pour vivre et revivre certains moments, pour t’ancrer les 2 pieds dans le présent. Mais ça ne fonctionne pas comme ça.
Alors explique-moi comment tu fais toi pour vivre là maintenant tout de suite, sans regarder ni derrière ni trop loin devant. A l’aune d’une nouvelle année, j’ai trouvé que la situation s’y prêtait bien. Comment tu fais pour tourner les pages, les années, si vite, sans transition, le cœur léger ?
J’ai du mal. Pourtant j’essaie. Vraiment. Parfois je note dans un carnet bleu (quand j’y pense et que je n’ai pas trop la flemme) les choses de la journée qui m’ont plu ou ému. Juste comme ça. Pour avoir une trace tangible que j’ai vécu. Parfois je mets de la musique très fort et je ferme les yeux, juste comme ça pour sentir que je suis vivante, là tout de suite maintenant. Souvent je ris fort et spontanément parce que j’ai besoin que ça sorte, j’ai besoin d’écouter, d’exprimer, de saisir les joies éphémères. Parfois aussi je me mets au piano la nuit (avec le casque quand même car j’aime ma coloc chérie), quand tout est calme, parce que faire un bras de fer au silence c’est apaisant.
Mais entre nous je t’avoue que ça ne fonctionne pas si bien. Alors je cherche encore, je tâtonne. Je cherche un moyen de me jeter en avant vers 2017 comme tous ces gens qui pensent « 2016 est mort, vive 2017 ». J’essaie de lâcher prise, d’arrêter de lutter contre le temps qui passe trop vite. Parce que c’est comme les block busters américains, on sait déjà qui gagne à la fin.
Alors je vais juste essayer de vivre pleinement ce dernier jour de 2016. Demain. Car il aura une saveur particulière. Un peu zesté de citron comme les étoiles. Encore plus précieux que les autres jours. Parce que c’est le dernier. Et je ne te souhaiterai pas bonne année non, je te souhaiterai plutôt de vivre ce dernier jour (de 2016 entendons nous) doucement, joyeusement, en ayant conscience qu’une jolie histoire s’achève. Crois-moi on a tout le temps devant nous pour 2017.
{Etoiles de fêtes aux zestes de citron}
Ingrédients:
- 250g de farine
- 125g de beurre salé
- 125g de sucre glace
- 1 oeuf entier+ 1 jaune
- 2 c.c de zestes de citron
Préparation:
- Verser la farine en puit dans un saladier
- Ajouter le beurre ramolli en parcelles ainsi que le sucre glace
- Ajouter l’oeuf et les zestes de citron au centre
- Mélanger à la main jusqu’à former une boule, en rajoutant de la farine si cela colle trop
- Laisser au frais 1h minimum
- Lorsque la pâte est raffermie l’étaler sur un plan de travail fariné
- Découper des petites étoiles à l’emporte pièce
- Allumer le four à 180°
- Déposer les étoiles sur une plaque recouverte de papier sulfurisé
- Au pinceau badigeonner les étoiles avec le jaune d’oeuf dilué dans un peu d’eau ou de lait
- Enfourner pour 10 à 15min
Chez moi on les déguste traditionnellement à Noël par 2 avec une ganache thé noir et chocolat au milieu, mais c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être un autre jour…